Bruno ROBBES

Maître de conférences - INSPÉ de l'académie de Versailles

Domaine de recherche

  • Section CNU : section 70 - Sciences de l'éducation
  • Thèmes de recherche : Mes recherches investiguent les problématiques de l’autorité en éducation, des violences en milieu scolaire et de la pédagogie, en particulier des pédagogies coopérative et institutionnelle, avec une visée praxique et professionnalisante. Je recours à des méthodologies qualitatives (entretiens d’explicitation ou d’autoconfrontation, entretiens cliniques de recherche, observations). Dans ma thèse intitulée Du mythe de l’autorité naturelle à l’autorité éducative de l’enseignant : des savoirs à construire entre représentation et action, j’ai montré que l’exercice de l’autorité enseignante n’était pas naturel, mais résultait d’une construction de savoirs dans l’action. Convoquant l’histoire et la sociologie, la psychologie du développement primo-infantile et la paléontologie, la psychosociologie et les pratiques de l’institutionnel, l’anthropologie, la philosophie, l’étymologie, j’ai d’abord dégagé les fondements, les significations et les caractéristiques de l’autorité puis les tensions inhérentes à son exercice. J’ai alors abouti au paradigme de l’autorité éducative, que j’ai défini comme une relation transitoire articulant l’asymétrie et la symétrie entre un enseignant et un élève, qui naît d’une volonté d’influencer de la part du détenteur de l’autorité statutaire et recherche la reconnaissance de celui sur qui elle s’exerce, par l’obéissance et le consentement, en visant qu’il s’engage dans un processus d’autorisation de soi. Ma recherche a ensuite poursuivi deux visées : chercher à comprendre comment des enseignants des premier et second degrés appréhendaient l’autorité en général et dans la relation avec leurs élèves, selon un éclairage clinique d’orientation psychanalytique ; mettre au jour les savoirs d’origines diverses mobilisés par ces enseignants dans des situations contextualisées, en m’inscrivant dans l’effort de rationalisation des savoirs d’action né avec les travaux sur le praticien réflexif et la professionnalité enseignante. Ces recherches ont donné lieu à la publication de deux ouvrages scientifiques (L’autorité éducative dans la classe, 2010 ; L’autorité enseignante. Approche clinique, 2016), deux chapitres d’ouvrages (2007, 2014), quatre articles publiés dans des revues ACL (2006, 2007, 2014, 2017), trois articles publiés dans des revues ACNL (2006, 2011, 2016), deux communications ACTI (2007, 2012). Dès lors, j’ai voulu éprouver le concept d’autorité éducative auprès d’autres professionnels de l’école. J’ai fait publier quelques travaux d’étudiants sur l’autorité du conseiller principal d’éducation (L’autorité éducative. La construire et l’exercer, 2013). Je mène actuellement une recherche qui concerne les chefs d’établissement. Dans un contexte institutionnel producteur de discours et d’attentes sur leur autorité, j’ai effectué une trentaine d’entretiens d’explicitation auprès de chefs d’établissement afin de recueillir des situations professionnelles vécues et choisies par eux, où ils estimaient qu’ils exerçaient leur autorité dans une perspective éducative. Cette recherche a fait l’objet d’une communication ACTI (2010), en attente d’autres publications. Par ailleurs, je me suis efforcé de tester la pertinence et/ou les limites du concept d’autorité éducative dans d’autres institutions d’éducation ou de formation, voire dans d’autres organisations. Mes recherches m’ont aussi conduit à travailler sur les dispositifs et les pratiques de formation des professionnels dans les domaines de l’exercice de l’autorité, des violences en milieu scolaire (que j’avais déjà abordées dans l’ouvrage Situations violentes à l’école. Comprendre et agir, 2005 et dans une communication ACTN, 2006), tournés vers la prévention et l’analyse à partir de récits de situations singulières toujours contextualisées. Sur la formation à l’autorité, j’ai notamment publié un chapitre d’ouvrage (2010), coordonné un ouvrage de vulgarisation (2013), effectué une communication ACTI (2010). Des interventions régulières auprès d’enseignants spécialisés dans des stages nationaux ont encore permis deux publications ACNL (2011, 2016), croisant la question de la formation à l’exercice de l’autorité éducative avec celle des troubles du comportement et des réponses pédagogiques possibles. J’ai également réalisé une synthèse relative à la formation des enseignants des pays développés à la prévention des situations de violence à l’école, donnant lieu à une communication ACTI (2011) et à un chapitre d’ouvrage (2012). J’y mettais en évidence le fait que malgré un relatif consensus sur les principaux contenus à aborder en formation, le passage à la pratique se heurtait à des difficultés touchant à des conceptions du métier d’enseignant et des représentations de l’élève d’une part, à des approches épistémologiques différentes du travail scientifique sur la violence d’autre part. Le colloque international Violences à l’école. Normes et professionnalités en questions, qui s’est déroulé les 14 et 15 décembre 2011 à l’université d’Artois et que mon laboratoire a co-organisé, m’a permis d’approfondir les regards sur les violences à l’école, en dirigeant et en introduisant un numéro de revue ACL (2013), en coordonnant un chapitre d’ouvrage (2012) et un numéro de revue « interface » (2011). J’ai également participé de 2011 à 2013 au projet de recherche-formation pour la plate-forme NéoPass@ction de l’Institut Français de l’Éducation, sur le thème Faire face aux incidents. Deux articles collectifs ACL (2015, 2016) en ont résulté. Dans le premier, j’analyse l’intérêt et les limites de ces ressources numériques. Dans le second, j’interroge la notion de « chahut anomique » et plus généralement, les enjeux et limites des typologies des désordres scolaires. Actuellement, je suis engagé dans une intervention-recherche portant sur l’exclusion ponctuelle de cours au collège, financée par la Fondation de France. Impliquant six chercheurs de cinq universités, des collèges des académies franciliennes et du Nord-Pas-de-Calais, cette recherche fait l’hypothèse que la banalisation du recours à l’exclusion ne peut pas se comprendre comme une simple ignorance de la réglementation par les professeurs, mais qu’elle semble motivée par des mobiles en partie irrationnels. Par des approches qualitatives, nous investiguons trois axes : ce qui amène des professeurs à prendre ou pas la décision d’exclure ; les éprouvés des adolescents exclus, le retentissement de cette punition sur leur identité et leur estime de soi ; un questionnement sur les institutions dans lesquelles se déroule cette intervention-recherche, référencée à une approche clinique en sciences de l’éducation. J’ai présenté une communication ACTI (2016), avec un autre chercheur. Enfin, partant d’une réflexion sur l’épistémologie de la pédagogie, je m’intéresse aux relations qu’elle entretient avec les recherches en sciences de l’éducation, les savoirs disciplinaires et les didactiques. Ces réflexions ont abouti à la publication d’un article dans une revue ACL (2013). J’ai également réfléchi aux conditions d’une collaboration possible entre praticiens et chercheurs à propos de recherches portant sur les pédagogies coopérative et institutionnelle, dans une communication ACTN (2011) et dans un chapitre d’ouvrage (2015). Mon appartenance au réseau de Recherches sur les écoles et les pédagogies différentes m’a permis de poursuivre avec d’autres, chercheurs et praticiens (tels que ceux de la Fédération des Établissements Scolaires Publics Innovants), la mise en évidence et en débat des questions actuelles posées par la pédagogie, dans une perspective de recherche. À l’issue du colloque AECSE Crise et/en éducation qui s’est déroulé les 28 et 29 octobre 2011 à Nanterre – colloque dont j’ai été membre co-responsable du comité de pilotage et du comité scientifique – j’ai co-dirigé avec Marie-Anne Hugon un ouvrage intitulé Des innovations pédagogiques et éducatives en réponse à la crise de l’école (2015). Cette collaboration s’est poursuivie par la co-organisation d’un symposium intitulé Comment la question du rapport au savoir est-elle travaillée par les pédagogies différentes ? au congrès AREF de Montpellier en 2013. Un second ouvrage scientifique intitulé Le rapport aux savoirs dans les pédagogies différentes (2016) en a résulté. Si mon intérêt se porte plus particulièrement sur les pédagogies coopérative et institutionnelle, comme le montre notamment un article publié dans une revue ACL (2010) sur le conseil dans la classe, je cherche aussi à mettre au jour des savoirs produits par les pédagogues et à étudier leurs effets dans des domaines variés en interrogeant les écarts entre discours et pratiques, la posture de praticien/militant/chercheur. En ce sens, depuis 2013 et jusqu’en 2018, je suis responsable d’une recherche-action entre une équipe de cinq chercheurs de trois universités et une équipe d’enseignants d’une école élémentaire parisienne « différente », financée par Office Central de la Coopération à l’École-Fédération nationale. Née d’une demande conjointe, cette recherche vise à co-produire des connaissances à partir des pratiques de l’école en les étudiant. L’une des caractéristiques essentielles de la démarche tient au fait qu’enseignants et chercheurs s’accordent sur le projet, pensent, construisent, conduisent et analysent la démarche globale de recherche. Une première communication ACTI (2015) revenant sur le processus de contractualisation du projet a été faite, puis j’ai organisé un symposium sur cette recherche, dans lequel j’ai proposé une communication ACTI (2016). La création récente du réseau international sur les pédagogies coopérative et institutionnelle (Réseau PII), dont je suis à l’initiative, se donne pour but de développer ce type de recherche, qui donne également sens à mon appartenance au réseau international Recherche avec.
  • Domaine de recherche : Apprentissages et difficultés d'apprentissage |Formation et développement professionnel des enseignants |Pratiques professionnelles et pédagogie

Laboratoire de rattachement

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