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« Journée mondiale des enseignants : comment former les professeurs de demain ? » la tribune du Réseau des INSPÉ publiée sur NewsTank

Paris, le vendredi 4 octobre 2024

Le 04/10, l’Unesco célèbre la Journée mondiale des enseignants. Il s’agit de commémorer l’adoption de la Recommandation OIT/Unesco de 1966 concernant la condition du personnel enseignant et de la Recommandation de l’Unesco de 1997 concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur. Ces instruments normatifs énoncent les droits et les responsabilités des enseignants, ainsi que les normes internationales relatives aux principales préoccupations professionnelles, sociales, éthiques et matérielles des enseignants.

Alors que les métiers de l’enseignement font l’objet d’une désaffection marquée dans de très nombreux pays, cet événement est l’occasion de se pencher sur les conditions de formation, d’entrée dans le métier et d’exercice de la profession d’enseignant.

En France, les raisons de la crise d’attractivité ont été pointées par une enquête de la Cour des comptes réalisée en 2022, et plus récemment par le rapport de l’OCDE dans Regards sur l’Éducation 2024. Ces résultats dessinent le portrait d’un métier peu valorisé, avec des salaires peu attractifs et de faibles opportunités de carrière, souffrant de conditions de travail difficiles.

La formation : un levier mobilisable

Loin d’être la première cause de cette crise d’attractivité, la formation initiale des enseignants est probablement l’un des leviers mobilisables pour l’endiguer. À condition toutefois d’en envisager les évolutions dans le temps long. Depuis dix ans, elle est régulièrement soumise à de fréquentes réformes qui donnent l’impression d’un système instable et peu lisible.

  • Comment, dès lors, former durablement les quelque 60 000 étudiants inscrits dans les masters Meef qui constituent la majorité des futures enseignantes et futurs enseignants ?
  • Comment leur garantir une formation inscrite dans la durée et une entrée dans le métier basée sur des compétences solides ?
  • Comment leur permettre d’acquérir et d’articuler les apports disciplinaires, une approche pratique du métier et un ancrage scientifique dans les différents champs de la recherche en et pour l’éducation (didactiques, psychologie cognitive ou sociale, etc.)

Et s’il s’agissait d’intégrer tous ces éléments dans une logique cohérente, quels seraient les fondements d’une formation universitaire des enseignants rénovée, pensée sur le long terme et visant un système stable et pérenne ?

Les fondements d’une formation rénovée

Dans une logique de réflexion collective et en s’appuyant sur son expertise croisée avec celle des grands acteurs et analystes du système éducatif, le Réseau des Inspé pose ici les quatre axes d’un tel projet :

Un haut niveau de maîtrise des compétences nécessaires à l’exercice du métier. Maîtriser les contenus disciplinaires et savoir les mobiliser de façon réfléchie dans une perspective d’apprentissage en contexte réel de classe est indispensable à l’exercice serein de son métier.

Une formation intégrative, ouverte à la diversité des publics, qui s’inscrive dans un continuum sur au moins cinq années et qui permette l’acquisition de l’ensemble des compétences professionnelles de façon progressive. Intégrer toutes les dimensions du métier dès le début de la formation plutôt que de les aborder successivement est la logique la plus cohérente et la plus efficace pour garantir la construction d’une identité professionnelle solide.

Une formation universitaire ancrée dans la recherche et qui établisse les bases du développement professionnel ultérieur. Combiner la mise à disposition d’outils directement applicables en classe et leur mise en perspective éclairée par la recherche doit permettre de former des enseignants responsables, au fait de l’actualité scientifique.

Une formation en lien direct avec la pratique du métier au sein des territoires. La compréhension du métier s’apprend dans l’exercice réel et le contact direct avec l’environnement professionnel. La prise progressive de responsabilités en contexte constitue autant de gages de réussite d’un parcours professionnel en construction.

Ce continuum de formation doit donc être pensé à l’université et en tirant profit de toutes les compétences présentes dans les Inspé, les UFR partenaires et les rectorats.

Au-delà de la formation initiale

Penser ou repenser la formation initiale des enseignants et des CPE ne pourra apporter que des solutions partielles si ne sont pas interrogés en parallèle les mécanismes de formation tout au long de la vie et les évolutions de carrière.

Les changements doivent être à large périmètre et s’inscrire dans le temps long. Ils doivent prendre appui sur des exemples internationaux sans renier les spécificités de notre système éducatif.

Il faut enfin se donner les moyens d’évaluer cette réflexion à l’aune de la cohérence et de la pérennité du système ainsi revisité, en croisant les regards de tous les acteurs éducatifs.

Être enseignant, c’est avoir la chance unique de transformer la vie des autres, de favoriser l’épanouissement de chacun en contribuant à façonner un avenir durable. À l’heure où renforcer l’attractivité du métier d’enseignant n’est plus une option, sachons investir pour l’avenir de notre pays et réfléchir ensemble aux conditions de formation et d’accueil de nos futurs professeurs.

Publié le vendredi 4 octobre à 8h00, sur le site de News tank

 

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