Les discours numériques : enjeux linguistiques et communicationnels, perspectives didactiques
Journée d’étude de doctorants et jeunes chercheurs
4 juin 2022
Université de Lorraine – CREM – Ajc CREM, Île du Saulcy, F-57045 METZ Cedex 1
Cette journée d’étude invite les doctorants et jeunes chercheurs à s’interroger sur les discours numériques comme objet de recherche. Interdisciplinaire, elle se situe dans une triple perspective : linguistique, sciences de l’information et de la communication et didactique. Il convient en effet d’opérer un recul sur l’objet, de s’interroger sur les mutations discursives et de les mettre en perspective avec des enjeux méthodologiques. Les mutations langagières et communicationnelles provoquées par les discours numériques ont également des effets sur les options didactiques. Un tel changement constitue à la fois une opportunité pour renouveler les dispositifs d’enseignement et la nécessité de penser le changement civilisationnel qui est ainsi instauré (Boullier, 2015).
Les axes d’investigation soumis ci-dessous sont susceptibles de se croiser :
(a.1) Les discours numériques constituent de nouveaux territoires à explorer pour les sciences du langage. On s’appuiera sur les genres du discours et leur reconfiguration partielle sous l’influence des pratiques numériques, pour envisager la possibilité de nouvelles caractérisations affectant la langue – lexique, orthographe, syntaxe (Krazem, 2011). On s’interrogera sur l’apparition d’une nouvelle textualité propre au numérique et sur ses effets éventuels sur les formes langagières. Quels domaines sont les plus directement touchés, et, inversement, quels sont ceux qui demeurent apparemment peu sensibles aux nouvelles pratiques ?
(a.2) L’étude des discours numériques confronte le chercheur à une matérialité discursive nouvelle : technographismes et technogenres (Paveau, 2017 et 2019), mèmes, gifs, smileys, hyperliens et cliquabilité, circulation accrue des discours, interaction entre l’homme et la machine et imbrication des discours… La journée d’étude s’interrogera sur la frontière entre le parler (la voix, l’oral, le mimo-gestuel) et l’écrit pour se demander comment caractériser les phénomènes de déplacement ou d’hybridation. Par ailleurs, la journée d’étude accueillera des propositions sensibles à la démarche du chercheur et à la nature des nécessaires adaptations des outils et des concepts disciplinaires.
(a.3) La constitution de corpus de discours numériques fera l’objet des interrogations à privilégier. On se demandera quelles sont les difficultés inhérentes à la constitution de ce type de corpus ? L’obstacle du caractère composite, hybride, des corpus est-il premier ? Ou bien leur traitement l’est-il ? Ou plutôt et plus largement les implications des modalités d’extraction et de collecte (Paveau, 2017) ? La distinction entre le « for corpus » et le « as corpus » pour définir l’objet de recherche (Pierozak, 2014) a-t-elle la pertinence méthodologique attendue ?
(a.4) Les discours numériques renouvellent de nombreuses pratiques sociales : rencontres et séduction, militantisme, travail, enseignement, loisirs, apprentissage, jusqu’à l’annonce d’un décès et la pratique du deuil (Pène, 2011). Les contributions pourront envisager les mutations des pratiques discursives et communicationnelles. Citons à titre d’exemple la constitution de communautés discursives, la construction de l’identité numérique (Perea, 2010), l’ethos discursif (Maingueneau, 2016) ou bien encore le déplacement de la frontière public/privé et le rôle joué par le recours à des pseudonymes (Cislaru, 2009), etc.
Ces modifications communicationnelles impliquent sans doute une remise en question des codes et des pratiques de la littératie, reconfigurant par exemple les approches didactiques (Bigeot, Ollivier, et alii, 2021). Les discours numériques sont mis au service de l’enseignement et de l’apprentissage, ce qui pose la question de leur place et de celle des nouvelles technologies dans le domaine didactique. Nécessité générationnelle et sociétale, l’intégration des discours numériques et des TICE dans l’enseignement est parfois confrontée à des limites qu’il faut savoir anticiper et maitriser pour en tirer le meilleur parti. Plusieurs axes de réflexion s’offrent donc à nous :
(b.1) La multimodalité des interactions pédagogiques et l’innovation : il conviendra de redéfinir la notion de ressource numérique mise au service de l’enseignement (Bibeau, 2004). Cette journée d’étude sera l’occasion de partager des pratiques numériques et didactiques entre enseignants-chercheurs de divers horizons, ainsi que de penser les adaptations à des contextes et à des outils divers (Bangou, 2006 : 158).
(b.2) Le numérique joue aujourd’hui un rôle central de médiateur entre les savoirs et les apprenants, les savoirs et les formateurs. Comment interpréter la survenance des ordinateurs et d’Internet dans les classes ? Qu’en est-il des interactions entre les différents acteurs ? Comment les dispositifs anciens se sont-ils peu à peu modifiés ? Est-on en mesure d’en connaître et identifier les effets sur la communication didactique ? Le rôle de l’enseignant se voit-il « contesté » ou simplement changé ?
(b.3) La formation des enseignants connaît-elle de son côté des transformations ? L’inégalité des maîtres en matière de compétences numériques (« l’illectronisme ») est-elle amenée à diminuer, étant donné le phénomène de renouvellement générationnel ? Quel rôle doit jouer la formation pour surmonter l’obstacle technologique ?
(b.4) Le questionnement méthodologique induit par l’introduction des discours numériques et des TICE dans l’enseignement doit être poursuivi. Dans le cadre de la didactique des langues étrangères, on pourra s’interroger sur les rapports que les TICE entretiennent avec l’approche actionnelle et le CECRL (2001).
Cette journée d’étude sera l’occasion d’un dialogue fructueux entre les trois disciplines (Sciences du langage, Sciences de l’information et de la communication et didactique) et permettra une meilleure appréhension des discours numériques, tout en ouvrant de nouvelles perspectives de recherche.
Les doctorants et jeunes chercheurs qui souhaitent contribuer sont invités à soumettre un résumé anonyme de deux pages maximum au format Word intégrant le titre, une bibliographie indicative et l’axe de l’appel dans lequel ils s’inscrivent, à l’adresse mail JE2022.univlorraine@gmail.com avant le 15 mars 2022.
Nous vous remercions de préciser dans le corps de l’e-mail votre nom et institution d’appartenance.
Les présentations se feront sous la forme de communications orales ou de posters, en présentiel, à l’Université de Lorraine, sur le site de l’Ile du Saulcy, à Metz.
La publication des actes est prévue sur un site internet dédié à la journée d’étude ainsi que pour une sélection d’articles dans une revue avec laquelle une discussion a déjà été amorcée.