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Formation des enseignants : un aménagement «a minima» des maquettes pour la rentrée 2020

Le Réseau des INSPÉ est autorisé à reproduire, avec l’aimable autorisation de News Tank higher ed and research, cet article paru vendredi 17 janvier 2020

  • « Un aménagement a minima des maquettes de M1 pour septembre 2020, dans le respect de l’autonomie des universités ;
  • une mise en œuvre progressive des maquettes, en maintenant l’objectif du nouveau concours en 2022 »

 

 

Telles sont les annonces de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, lors de l’assemblée plénière du la CPU, le 16/01/2020, indique le Réseau des Inspé.

Le ministre répond à un courrier commun du Réseau des Inspé et de la CPU qui « faisait état des difficultés des équipes à poursuivre plus avant le travail d’élaboration des maquettes de formation des futurs professeurs et CPE pour une mise en œuvre à la rentrée 2020 ».

En outre, il indique que face aux inquiétudes liées au calendrier, « l’ensemble des contenus des concours d’enseignants des premier et second degrés seront connus d’ici fin février [2020] ».

Guillaume Gellé, président de l’Urca et de la commission formation de la CPU, indique à News Tank, le 17/01, que la demande commune de la conférence et du réseau « s’inscrit dans la dynamique de la réforme, mais, de façon pragmatique, nous permet d’aménager la première année de master en septembre 2020, uniquement pour ceux qui le souhaitent, puis de basculer en 2021 vers les nouveaux M1 et M2. C’est ce que nous avons l’habitude de faire à chaque nouvelle accréditation ».

« Le Réseau des Inspé salue ces propos rassurants, qui vont permettre aux équipes pédagogiques et administratives de continuer plus sereinement le travail déjà engagé. Il se tient à la disposition des tutelles pour poursuivre les échanges autour de la mise en œuvre de la réforme, concernant les concours et le stage en M2, notamment », annonce le réseau.

Brigitte Marin, présidente du Réseau des Inspé et administratrice provisoire de l’Inspé de Créteil, indiquait en effet, à News Tank le 14/01, que « la temporalité et la gestion de l’urgence demeurent les préoccupations majeures des directeurs et administrateurs provisoires d’Inspé ».

Guillaume Gellé déclare également qu’« il était nécessaire de permettre aux équipes de gagner en sérénité afin construire l’offre de formation des nouveaux master Meef ». Il indique en outre que la CPU a demandé à Jean-Michel Blanquer d’accélérer la nomination des directeurs d’Inspé, « afin qu’ils portent les équipes dans la mise en place de la réforme ».

Par ailleurs, ce report était également une demande des syndicats : dans une lettre ouverte du 20/12/2019, une intersyndicale, composée notamment du Sgen-CFDT, du Snesup-FSU, du SNPTES et de FercSup CGT, demandait le report de la mise en œuvre de la réforme et la reprise des concertations avec les tutelles. Le Snesup-FSU indique, le 16/01, qu’« il est temps d’ouvrir de réelles négociations avec les acteurs de la formation pour leur donner les moyens de remplir leur mission et mettre en place une formation universitaire et professionnelle de qualité ».

 

 

Mise en œuvre de la réforme : des avancées et des freins

La ventilation des enseignements

Au printemps 2019, les deux ministères de tutelle ont communiqué aux équipes des Inspé des documents « établissant une ventilation des proportions que représentent les savoirs disciplinaires, la didactique, le contexte professionnel, les savoirs transversaux, afin de permettre un cadrage au niveau national », déclare Brigitte Marin.

Ce principe de ventilation s’applique de manière différente pour les maquettes des formations menant au concours du premier degré, aux Capes disciplinaires ou au concours de CPE.

« Du point de vue des tutelles, cette ventilation permet de garantir une forme d’homogénéité entre les principes et les contenus de formation sur l’ensemble du territoire. Le référentiel de formation ”Former l’enseignant du XXIe siècle” précise les compétences attendues des futurs enseignants et CPE. Ces divers documents constituent une base de travail pour les équipes. »

 

Les cadrages généraux des concours

Afin de permettre la conception des maquettes de master en adéquation avec les concours, des documents de cadrage généraux ont été communiqués par les tutelles, lors d’une réunion multilatérale entre syndicats, Réseau des Inspé, CPU, DGRH, Dgesco et Dgesip, le 20/11.

Selon Brigitte Marin, des éléments concernant les concours ont été précisés au fil des semaines après cette réunion :

« Pour le premier degré, le concours s’organise autour de deux épreuves écrites d’admissibilité et deux épreuves orales d’admission.

Pour le second degré, les grandes lignes ont été tracées avec une trame générique pour l’ensemble des concours, qui renforce la dimension professionnelle sans pour autant négliger l’importance de la discipline ».

La première épreuve évalue la maîtrise des contenus disciplinaires, et met en place une note éliminatoire. « Elle agira ainsi comme un filtre qui assure la maîtrise suffisante des savoirs académiques », précise-t-elle. Cette note éliminatoire est de 5 pour le premier degré, et entre 5 et 8 pour le second degré, en fonction du choix de chaque commission disciplinaire.

« La nouveauté pour le second degré consiste, vraisemblablement, au recours à des ressources en ligne, via des ordinateurs ou tablettes afin d’évaluer la capacité des candidats à sélectionner et s’approprier les ressources les plus pertinentes en fonction des programmes, et du niveau de classe concerné. »

Pour l’ensemble des concours, une des deux épreuves orales prend la forme d’un entretien professionnel : « Celui-ci doit permettre d’appréhender les motivations du candidat, sa connaissance du système éducatif et des apprentissages des élèves, ainsi que la manière dont il pourrait incarner les valeurs de la République », déclare Brigitte Marin.

 

Des « freins » à l’élaboration des maquettes

Depuis la diffusion des textes du 20/11, la présidente du réseau indique que « des documents de travail sont en attente de concertation avant diffusion officielle auprès des équipes des Inspé ». En effet, elles attendent, selon elle, « des éléments plus précis pour poursuivre le travail engagé ».

 

En revanche, elle indique que « dans la plupart des Inspé, les groupes de travail sont constitués et avancent progressivement. Globalement, des calendriers de réunions sont mis en place dans les Inspé avec les responsables de parcours et de mentions ».

Elle remarque toutefois que « certaines situations sont moins aisées, les informations, considérées comme insuffisantes, pouvant créer des freins ».

« La nomination officielle des nouveaux directeurs par les deux ministres permettra de stabiliser les équipes et de poursuivre plus sereinement la dynamique engagée. »

 

 

Un « temps long nécessaire aux arbitrages »

Les concertations avec les directions générales des deux tutelles ont repris en novembre 2019. Selon Brigitte Marin, elles « portent actuellement sur les concours du second degré, autour d’un calendrier de réunions par discipline auxquelles le réseau des Inspé et la CPU sont associés ».

Elle explique le retard pris dans la mise en œuvre de la réforme par de nombreuses concertations depuis la rentrée 2018. « Ce temps long, nécessaire aux arbitrages, suscite néanmoins une forte impatience des équipes concernées par la mise en place des nouveaux masters Meef. »

La présidente du réseau indique, avant les annonces de Jean-Michel Blanquer, que « la marge de manœuvre est faible », mais que l’objectif des ministres reste celui d’un nouveau concours en 2022, « dans un contexte où nous avons déjà obtenu une année de report de la mise en place de la réforme ».

 

 

Le Snesup-FSU « se félicite que la colère et l’exaspération des acteurs de la formation aient été entendues »

Muriel Coret, membre du Snesup-FSU, interrogée par News Tank, le 09/01/2020, « déplore qu’il n’y ait pas d’expression très claire du Réseau des Inspé. Il indiquait avant la réunion du 20/11 que la mise en place de la réforme serait impossible. Mais désormais, avec quelques éléments de la part des tutelles, il nous dit que nous pouvons mettre en place les maquettes dans les temps ».

Après l’annonce de Jean-Michel Blanquer, le Snesup-FSU « se félicite que la colère et l’exaspération des acteurs de la formation, exprimées dans de nombreuses motions, aient été entendues, et que le ministre prenne enfin acte des nombreux problèmes posés par cette réforme que nous dénonçons depuis plus d’un an ».

Le syndicat annonce plusieurs revendications : « les règles universitaires de l’élaboration des maquettes doivent être respectées, dans la collégialité et l’autonomie des universités ; les étudiants ne doivent pas être utilisés comme moyens d’emploi, de façon à ne pas grever au-delà du raisonnable le temps consacré à la formation ; il faut un réel temps de formation après le concours ».

 

 

Les bassins de stage, « une question aiguë » différente selon les régions

« La question des bassins de stage est une question aiguë » selon Brigitte Marin, « qui se pose différemment selon les régions et la taille de leur bassin ». Elle indique que les directions générales ont saisi les recteurs afin « qu’ils analysent finement la situation pour permettre d’indiquer de la manière la plus précise possible les besoins de lieux de stage dans chaque région ». Ces besoins en M2 sont liés aux capacités d’accueil des étudiants en M1.

« Le format canonique est le stage en responsabilité à tiers temps rémunéré sous forme de contractuel. Faute d’un nombre de stages disponibles suffisant, le stage pourra se faire dans le cadre d’une pratique accompagnée, où l’étudiant n’est pas seul en responsabilité dans la classe, mais accompagné d’un tuteur. »

Selon elle, la pratique accompagnée peut permettre d’augmenter le nombre de lieux de stage, mais « il est primordial d’étudier la question de l’équité des étudiants, en fonction de l’une ou l’autre des modalités de stage qui leur sera proposée ».

 

 

La professionnalisation renforcée, selon le réseau

L’un des objectifs de la réforme annoncé par les ministres de tutelle est de renforcer la préprofessionnalisation des futurs enseignants.

Pour Brigitte Marin, « le meilleur exemple de progressivité reste celui des étudiants qui sont recrutés au niveau de la L2 en tant qu’AED » :

« Cela leur permet d’obtenir des ressources financières tout en leur apportant la connaissance du contexte éducatif, ce qui est au cœur du projet d’études et du projet professionnel. Ce modèle rappelle celui des parcours de préprofessionnalisation au métier d’enseignant proposé actuellement en licence pour aménager une progressivité dans l’appréhension du métier. »

Elle indique que cette progressivité permet notamment de réduire le nombre de démissions de jeunes titulaires : « En effet, ces étudiants sont en pleine conscience des enjeux du métier au quotidien, et leur taux de démission est inférieur à celui des enseignants entrant directement en master Meef. »

La présidente du Réseau des Inspé remarque cependant que, « comme habituellement, des personnes se présenteront au concours sans avoir suivi un master Meef. Ces étudiants qui ont réussi le concours suivront une année [de fonctionnaire stagiaire] à mi-temps en formation et à mi-temps de stage ».

 

 

Le continuum de formation

Le référentiel inscrit dans la réforme s’est construit, selon Brigitte Marin, « au regard des résultats internationaux décevants des élèves français ». En effet, le but de la professionnalisation « n’est pas seulement de transmettre des savoirs académiques, mais aussi de faire réussir les élèves en améliorant les modalités et les processus de leurs apprentissages ».

Ce nouveau référentiel a pour objectif de :

  • « ne pas concentrer sur deux ans la professionnalisation ;
  • permettre une montée en puissance des connaissances et des compétences, dès la licence et jusqu’à la titularisation ;
  • mettre en place un continuum de formation, ce qui est la caractéristique des masters Meef ».

Elle indique que des universités sont déjà « engagées dans la mise en place de dispositifs innovants d’accompagnement afin de favoriser le lien entre stage et formation ». Un traitement national est en cours pour cartographier ces dispositifs et mutualiser les bonnes pratiques.

 

« L’objectif est que le pilotage des formations crée un lien fort entre stage et formation afin que l’étudiant appréhende en cohérence sa situation en formation à l’université et en établissement scolaire pour son stage. »

 

 

« Un simple décalage du concours sans évolution systémique » (Laurent Alexandre, Sgen-CFDT)

« Si nous voulions respecter les instances, nous aurions dû avoir les éléments de cadrage en septembre 2019, ou au plus tard fin octobre », déclare Laurent Alexandre, secrétaire fédéral du Sgen-CFDT, à News Tank, le 09/01/2020. Il explique le retard pris dans la mise en œuvre de la réforme par des divergences entre les directions générales des tutelles.

« De plus, les quelques éléments transmis depuis le 20/11 sont préoccupants, car ils ne contiennent pas l’alternance en master que nous souhaitions ni le degré de professionnalisation ».

Selon le Sgen-CFDT, la réforme constitue « un simple décalage du concours sans évolution systémique ». Il regrette par ailleurs que les groupes de travail sur les contenus de chaque concours, annoncés par la Dgsco, le 20/11, n’aient pas encore été mis en place.

 

 

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