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Recontre avec les gagnantes du concours MMM180 2019

Le Réseau des INSPÉ a organisé en 2019 la 4ème édition du concours national du meilleur exposé de mémoire de Master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation) en 180 secondes, en partenariat avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et le Ministère de l’Éducation nationale.

Retransmise en direct depuis la chaîne YouTube de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, la finale a été suivie par plus de 3 500 spectateurs. Plus de 600 personnes ont pris part au vote du public.

Cet événement inter-INSPÉ entend valoriser les travaux de recherche appliqués à la pratique de l’enseignement des étudiant-e-s et/ou stagiaires de Master MEEF. Il témoigne de la rigueur scientifique, du dynamisme et de la créativité de ces nouveaux enseignants.

Les 28 finalistes académiques ont eu 180 secondes pour présenter un exposé clair, concis et convaincant de leur sujet de mémoire de M2 MEEF, devant un jury national composé de représentants de l’enseignement supérieur et de la recherche et de représentants de l’enseignement scolaire, devant les partenaires officiels du concours (Casden, MAIF, MGEN, Fédération des Autonomes de Solidarité) et face à un public réuni en nombre pour l’occasion.

Les prestations des candidat-e-s ont été notées par le jury et le public qui ont décerné leurs prix aux 3 meilleur-e-s candidat-e-s.

L’évaluation a porté sur la pertinence scientifique et professionnelle du sujet, la capacité à convaincre en 3 minutes en alliant des qualités d’éloquence, d’argumentation et de concision.

Entretenons-nous avec les 3 prix du jury de cette édition 2019.

1er prix du jury : Malaurie PRINCET [INSPÉ d’Aix-Marseille] – Parcours Lettres/Histoire-Géographie-EMC

Sujet de mémoire : L’éducation aux médias pour lutter contre les stéréotypes de genre

1/ Quel est votre sujet de recherche ?

Le sexisme présent dans les stéréotypes de genre médiatique, notamment dans la publicité.

 

2/ Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

Parce qu’au gré d’une séance d’EMC je me suis rendue compte que pour certaines de mes élèves, c’était une question vive.

 

3/ Quelle est la méthodologie utilisée ?

Trois parties de recherches : l’EMI, la construction et la diffusion des stéréotypes de genre puis les origines anthropologiques du genre.

 

4/ Pourquoi avez-vous choisi de devenir enseignante ?

Par vocation tardive, en côtoyant des professeurs lors de ma première expérience d’assistante d’éducation.

 

5/ Et pourquoi en lycée professionnel ?

Ce public m’attire particulièrement. Les matières générales n’ont pas vraiment la côte et les élèves de lycée professionnel manquent souvent de confiance en leurs capacités à réussir dans leurs apprentissages : c’est donc un double défi, pédagogique et humain.

 

6/ Selon vous, les pratiques enseignantes varient-elles entre un lycée général et un lycée professionnel ?

Je n’ai pas enseigné en lycée général mais j’ai été élève en lycée général et je discute souvent avec des collègues de lycée général. Je dirais que le lycée professionnel est un laboratoire pédagogique sans égal, où la liberté pédagogique est grande. Le rapport avec les élèves ne peut s’établir sereinement que dans le plus grand des respects et la plus partagée des confiances. Ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas le cas en lycée général, mais le public accueilli en lycée professionnel ne peut l’être qu’en prenant en considération leurs failles, leur manque d’estime et surtout le fait que leur affectation n’est souvent pas leur premier choix.

 

7/ Faites-vous part de vos précédentes expériences professionnelles à vos élèves ?

Sans entrer dans ma vie privée, je discute volontiers avec mes élèves. Si mes expériences passées peuvent être une « lanterne » pour eux, je n’hésite pas à leur en faire part. Il est important que les élèves se rendent compte qu’ils n’ont pas un robot en face d’eux mais un être humain, avec un vécu. Dès la rentrée nous en savons tellement sur eux : situation familiale, problèmes de santé, rapport des collègues… En gardant une juste distance, je pense qu’il faut donner un peu de soi pour permettre l’équilibre de la balance et le tissage d’un lien humain.

 

8/ Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait enseigner en lycée professionnel ?

De ne jamais oublier de s’amuser avec les élèves, de prendre du bon temps avec eux, avec les collègues, et de changer de travail quand il/elle ne sourit plus en allant au lycée. Si un enseignant se sent mal, il le renvoie forcément aux élèves.

2ème prix : Léna Baisset [INSPÉ de Bretagne] – Parcours Espagnol

Sujet de mémoire : Du vocabulaire passif au vocabulaire actif : l’iconicité comme clé pour améliorer l’apprentissage du lexique en classe d’espagnol ?

1/ Quel est votre sujet de recherche ?

Mon sujet de recherche concerne l’amélioration de l’apprentissage du vocabulaire en cours de langue étrangère, et plus particulièrement en espagnol. Je me suis demandée si un travail autour de la forme des mots (le signifiant) avec les élèves pouvait améliorer leur compétence lexicale. Le but est donc de fournir aux élèves des stratégies de compréhension et de mémorisation des termes en analysant la forme des mots, leur articulation et leur perception. Il s’agit de proposer une catégorisation des mots en fonction de leur forme et non plus uniquement en fonction du sens.

 

2/ Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

La mémorisation des mots a toujours éveillé ma curiosité et j’avais remarqué que, au lycée ou en licence de langue, les apprenants étaient toujours confrontés au même problème: disposer d’un lexique actif suffisamment riche pour exprimer leurs idées. Mon expérience de stage cette année a fait écho à ce ressenti personnel car j’ai pu constater, d’une part, un manque d’autonomie linguistique et des difficultés de mémorisation chez de nombreux élèves qui confirment l’intérêt de mon questionnement, et d’autre part, une demande plus ou moins explicite de stratégies de mémorisation de la part des élèves. J’ai ainsi pu recueillir des propos tels que « madame, je n’arrive pas à retenir les mots. Comment pourrais-je faire pour mieux mémoriser ? » ou encore « madame, j’aimerais pouvoir tout dire, connaître tous les mots ».

J’avais envisagé, dans un premier temps, de travailler autour de l’étymologie pour pallier ces difficultés d’apprentissage mais Mme Fortineau-Brémond, ma directrice de recherche à l’Université de Rennes 2, m’a fait découvrir des travaux de linguistes qui s’intéressent au signifiant et à la motivation linguistique. Elle m’a proposé de m’appuyer sur ces travaux pour favoriser l’apprentissage du lexique en classe. Cela a tout de suite éveillé ma curiosité !

 

3/ Quelle est la méthodologie utilisée ?

Après plusieurs lectures disciplinaires (travaux linguistiques) puis didactiques (enseignement-apprentissage du lexique), j’ai conçu un dispositif de travail du lexique en cinq phases : questionnement, conceptualisation, application, entraînement, production, conscientisation.

Il était nécessaire que je fournisse aux élèves de nouvelles stratégies d’apprentissage du vocabulaire et que je mesure l’impact de celles-ci sur les élèves. Cela supposait de procéder à une évaluation diagnostique quantitative (test de vocabulaire) et qualitative (questionnaire) pour connaître les besoins des élèves et pour pouvoir comparer leur compétence lexicale avant et après le dispositif. J’ai aussi comparé ces résultats à ceux d’une autre classe témoin ne faisant pas l’objet d’un travail spécifique du lexique pour mieux apprécier les effets de la nouvelle approche.

 

3ème prix : Fanny Pranchère [INSPÉ de l’académie de Limoges] – Parcours Mathématiques

Sujet de mémoire : Quand l’erreur compte

1/ Quel est votre sujet de recherche ?

Mon sujet de recherche concerne le rapport aux mathématiques et plus particulièrement, en quoi accompagner les élèves dans une activité métacognitive permet d’aborder autrement les mathématiques et de lutter contre l’idée déterministe de la bosse des maths.

 

2/ Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

J’avais déjà travaillé sur l’erreur et l’importance de sa prise en compte désaffectivée pour l’enseignant et pour l’élève, lors de mon mémoire de PE2 à l’IUFM, dans ma vie antérieure.

J’ai également 10 ans d’expérience dans l’enseignement spécialisé auprès d’élèves porteurs de déficience cognitive sévère associée ou non à des troubles. Accompagner ces élèves sur le chemin de l’apprentissage nécessite un rapport au savoir et un rapport à l’erreur que je qualifierais de sain. Ces rapports au savoir et à l’erreur étaient déjà pour moi des sujets de prédilection.

Devenant professeur de mathématiques et découvrant le rapport de mes élèves, notamment de seconde, avec les mathématiques, j’ai pris conscience qu’ils croyaient en la bosse des maths. Ils pensaient réellement qu’un individu était prédisposé ou non à faire des mathématiques, et cela justifiait le fait de baisser les bras. A baisser les bras en mathématiques, pour certains élèves fragiles, le décrochage n’est pas loin tant cette matière prend de place dans la scolarité, l’avenir des élèves fragiles scolairement en donc en jeu. De plus, quand on aime profondément les mathématiques, quand on prend un grand plaisir à s’y confronter, on souhaite ardemment transmettre également si ce n’est cet amour du moins ce plaisir. Je pense qu’on devient aussi professeur parce qu’apprendre rend heureux, pour partager ce bonheur-là.

 

3/ Quelle est la méthodologie utilisée ?

J’ai d’abord effectué des recherches concernant la bosse des maths (d’où vient cette idée ? et qu’en est-il réellement ?) en m’intéressant pour la genèse de l’idée à la phrénologie et pour ce qu’il en est aux recherches des neurosciences.  Puis j’ai cherché quel était le contraire de  » se sentir dépasser par quelque chose, ne pas avoir de prise dessus », il m’est apparu que c’était quelque chose comme « avoir du contrôle sur ». Partant de là, il suffisait de rechercher comment redonner du contrôle, par la métacognition, et notamment pas son seul élément tangible et manifeste: l’erreur (ce qui me permettait aussi de travail sur le rapport à l’erreur = cerise sur le gâteau). J’ai retravaillé sur les ouvrages sur l’erreur ainsi que sur la notion de représentations sociales afin de comprendre comment les modifier. J’ai mis au point le protocole et l’évaluation du protocole. Et en avant !

J’aimerais que les élèves puissent ne pas se noyer dans leur scolarité. De plus, je n’aime ni le fromage ni le vin rouge, et il ne se passe pas un seul repas entre amis où on ne me dit à quel point je loupe quelque chose, et bien c’est ce sentiment que j’ai concernant les mathématiques, j’ai envie de dire aux gens qui n’ont pas eu la chance de les rencontrer à quel point ils loupent quelque chose, et j’ai envie de tout faire pour que mes élèves ne loupent pas ce petit bonheur là.

 

Visionnez ou revisionnez l’édition 2019 du concours du Meilleur Mémoire MEEF en 180 secondes.

Crédits photos : ©Jérémy_Jager_2019_INSPENice

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