Les RdV de la Recherche – INSPÉ de l’académie d’Amiens (projets de recherche)
Projet de recherche « avoir 18 ans en 2020 »
Porté et réalisé par Antoine Kattar, professeur des universités en sciences de l'éducation - Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Présentation du projet :
Il s’agit d’une recherche collaborative intitulée « Avoir 18 ans en 2020 », inscrite dans le champ de la clinique en sciences de l’éducation et de la formation selon une orientation psychosociologique qui a débuté en 2014 et qui a duré jusqu’à la fin de l’année 2020. Celle-ci s’est déroulée sur un territoire du Nord de la France : il s’agit d’une recherche longitudinale portant sur un groupe de dix adolescents et adolescentes accompagné.e.s par une équipe d’éducateurs et d’éducatrices de la prévention spécialisée. La recherche a été financée par le contrat de ville de Saint-Pol-Sur-Mer, l’AAES (Association d’action éducative et sociale) et l’inspé de l’académie d’Amiens-Hauts-de-France.
Elle s’est articulée autour de deux objectifs. Le premier consiste à identifier la manière dont l’adolescent accomplit le travail d’élaboration de sa construction identitaire en intégrant progressivement les différentes dimensions qui y contribuent, comme l’environnement familial, groupal, institutionnel, sociétal, d’une manière suffisamment solide, un travail que nous nommons, dans la filiation à Philippe Gutton (2008), un travail de « création de lui-même ». Le deuxième objectif est de clarifier le rôle du « professionnel du lien » (enseignant, éducateur, CPE, …) qui peut venir renforcer et étayer les « soi-adolescents » en construction, en les aidant par exemple à identifier les diverses figures ou postures d’adulte sur lesquelles ils peuvent s’appuyer. Cette recherche longitudinale de longue durée a permis en outre que les avancées de la recherche en terme de production de sens bénéficient chemin faisant aux adolescent.es accompagné.es.
Avec ce groupe d’adolescents, nous avons mis en œuvre plusieurs dispositifs de recherche pour travailler différentes thématiques (comme les adieux à l’enfance, la métamorphose, la notion de choix, le rapport à l’autre, l’engagement citoyen, l’accès à la majorité). Les dispositifs de recherche : le PAG (paroles d’adolescents en groupe) et des ateliers que nous nommons « ateliers de transitionnalité » en référence aux travaux de Winnicott. D’autres ateliers sont encadrés par les éducateurs : des séances de groupe à médiation qui sont filmées et des séances individuelles de récits de type autobiographique qui sont enregistrées.
Dans ce travail de recherche, nous avons pu avancer que la position professionnelle pour tenir face aux adolescent.es mais également pour les faire avancer pourrait se résumer de la manière suivante : assumer la fonction de répondant professionnel en reconnaissant l’adolescent dans son passage vers le « devenir adulte ».
En forme de conclusion, ce travail de recherche se situe à l’interface entre ce que propose la famille, l’environnement scolaire ou social et la réalité interne de ces adolescent.es. En effet, le dispositif proposé par le binôme, équipe d’éducateur et chercheur-intervenant, a permis, d’une part, que les éducateurs investissent davantage les enjeux de la réalité sociale de ces adolescent.es et, d’autre part, que le chercheur intervenant puisse soutenir la construction d’une aire d’illusion suffisamment fiable pour qu’une rencontre puisse se faire.
En savoir plus :
- https://www.editions-eres.com/ouvrage/4739/regards-actuels-sur-ladolescence (lien menant vers l'article)
- Le lien du réseau international interdisciplinaire de recherche Adolescence Contemporaine et Environnement Incertain : https://adolescencecontemporaine.org/le-reseau/
Projet ANR SOUNDS
Porté par Laure Ibernon, professeure des universités en Psychologie des Apprentissages - Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Présentation du projet :
Le SW est un trouble neurodéveloppemental d’origine génétique dont les principales caractéristiques sont : une DI moyenne à modérée, un profil cognitif hétérogène (Pezzino et al., 2017), un comportement social atypique et une sensibilité particulière aux bruits communément appelée hyperacousie. Le profil si particulier des personnes avec SW est probablement, en partie du moins, imputable à des caractéristiques intrinsèques à la pathologie : l’hyperacousie entraînerait une MPCT de bon niveau qui, couplée à leur hypersociabilité, permettrait une mise en place d’aptitudes langagières correctes.
Le présent projet s’intéresse à cette question. L’hyperacousie pourrait jouer un rôle crucial dans le développement langagier en permettant aux individus avec SW de plus s’appuyer sur la MPCT comparativement à des enfants au développement typique (DT) (Majerus, Barisnikov, Vuillemin, Poncelet, & van der Linden, 2003 ; Robinson, Mervis, & Robinson, 2003). Cette hypothèse n’ayant jusqu’à présent pas été explorée, notre objectif est d’étudier un possible effet de l’hyperacousie sur le développement langagier des personnes porteuses du SW. Nous émettons l’hypothèse selon laquelle l’hyperacousie pourrait accroître l’attrait pour les aspects phonologiques du langage et ainsi aboutir à un haut niveau de MPCT. Afin de tester notre hypothèse, nous utiliserons une méthodologie novatrice incluant des mesures physiologiques (Electroencéphalographie/EEG - spectroscopie dans l'infrarouge proche/NIRS) couplées à des évaluations cognitives (épreuves standardisées et tâches expérimentales originales). Nous avons choisi de comparer les performances d’individus avec SW à celles de participants avec SD qui présentent généralement le profil inverse : des troubles auditifs et un déficit de la MPCT associés à de piètres aptitudes langagières.
Les résultats attendus visent à apporter de nouvelles connaissances quant au profil cognitif de patients avec SW et avec SD ainsi que de caractériser la trajectoire de développement de ces derniers en référence au développement typique. En effet, des recherches récentes démontrent que les relations entre les différents systèmes langagiers (e.g., phonologie versus sémantique) jouent un rôle crucial dans le développement langagier typique et atypique (Labrell et al., 2014 ; Schwartz, 2017). Ainsi, notre étude permettra à la fois d’apporter une meilleure connaissance de l’impact de l’hyperacousie sur le développement des habiletés langagières ainsi que de nouvelles données sur le phénotype de patients avec SW et avec SD.
En savoir plus : http://projet-sounds.fr/