Meef : les INSPÉ attendent urgemment les arrêtés des nouveaux concours pour finaliser les maquettes
Le Réseau des INSPÉ est autorisé à reproduire, avec l’aimable autorisation de News Tank higher ed and research, cet article paru lundi 18 janvier 2021
« Nous attendons urgemment la publication des arrêtés définitifs des nouveaux concours, car la première version d’octobre 2020 reste insuffisante. Pour finaliser le travail sur les maquettes de master Meef, nous devons avoir des précisions sur les différentes épreuves et notamment sur la deuxième épreuve orale. De même, la publication des sujets zéro est essentielle », déclare Alain Frugière, directeur de l’Inspé de l’académie de Paris et président du Réseau des Inspé, à News Tank le 15/01/2020.
Il revient sur l’élaboration des nouvelles maquettes de formation des masters Meef, dont « la première version devait être remontée en novembre 2020 ». Toutefois, « la Dgesip a accepté que les remontées s’effectuent au fil de l’eau jusqu’à la fin janvier 2021 », notamment en raison de la publication tardive des arrêtés sur les concours.
« Nous savons l’engagement du ministère pour un continuum de préprofessionnalisation et de professionnalisation, nous nous y inscrivons. Mais désormais il nous faut des informations pour s’assurer que la nature des nouveaux concours est bien professionnalisante », ajoute Sandrine Marvilliers, directrice de l’Inspé de La Réunion et vice-présidente du réseau.
Le Réseau des Inspé émet par ailleurs des craintes quant à l’organisation de l’alternance pour les futurs étudiants en M2, mais se veut rassurant quant à la préparation des concours en 2021 et l’organisation de cette année charnière de la réforme.
Second semestre : préparer au mieux les étudiants aux concours
« La rentrée de janvier reste incertaine, notamment avec un reconfinement potentiel, mais nous espérons pouvoir reprendre après le 20/01 », déclare Alain Frugière, directeur de l’Inspé de l’académie de Paris et président du Réseau des Inspé, à News Tank.
Comme tous les établissements d’enseignement supérieur, les Inspé peuvent réaliser des examens et des TP en présentiel. Des examens sur site qui revêtent une plus grande importance pour les instituts, liée aux concours blancs :
Nous souhaitons mettre les étudiants en M1 en situation réelle de concours afin de les préparer au mieux aux épreuves qu’ils vont passer dans quelques semaines.
Concours : le calendrier maintenu
« Concernant ces concours, selon les informations que nous avons, le calendrier des épreuves écrites et orales est maintenu », indique Alain Frugière.
Les sujets des écrits ont été réalisés, tout se déroule normalement à ce stade. Il y aura cependant peut-être des adaptations sanitaires en fonction des disciplines et selon les conditions, notamment certains TP manipulatoires en sciences, mais qui sont prévus en juin.
Les Inspé continuent donc « du mieux possible » à préparer les étudiants. « Ceux en M1 restent les plus fragiles du point de vue de l’environnement social et économique. Les équipes font donc leur maximum pour conserver le contact avec eux et les accompagner ou les remotiver. »
Sandrine Marvilliers met en avant l’expertise et l’expérience des Inspé pour la préparation des concours :
Nous connaissons bien le stress des étudiants lié aux concours, et l’accompagnement était déjà l’un de nos rôles avant la crise. La situation sanitaire accentue toutefois leur stress, mais nous les rassurons et sommes à leur écoute. Nous n’oublions pas que nous pouvons nous appuyer sur l’expérience de 2020.
Oral de titularisation des admis aux concours 2020 : un « entretien professionnel » qui ne nécessite pas de préparation spécifique
« Des précisions quant aux conditions d’organisation de l’oral de titularisation ont été apportées le 24/12/2020 », déclare Alain Frugière. Cet oral concerne les admis aux concours 2020 dont les épreuves orales avaient été annulées. « La question de la préparation de cet oral ne reste toutefois pas claire. Nous souhaitons une politique nationale sur le sujet afin d’être certains que tous les professeurs stagiaires soient traités de manière équitable. » Selon Sandrine Marvilliers, « l’avis porté sur cet oral de titularisation sera remonté au jury de titularisation et constituera un avis complémentaire de ceux de l’inspection académique et de l’Inspé. Pour autant, la DGRH nous a bien confirmé que cet entretien professionnel n’était pas, en soi, une épreuve de concours ». « C’est pour cela que le réseau s’accorde sur le fait de ne pas préparer spécifiquement les stagiaires à cet entretien, qui se veut être un moment d’analyse engageant l’étudiant sur la construction de son identité professionnelle via un témoignage de sa pratique de classe. »
Stage en établissement : pas de difficulté majeure pour les étudiants
S’il constate que « des étudiants en stage en établissement ont pu rencontrer des difficultés dues à l’organisation liée à la crise sanitaire », Alain Frugière indique que les Inspé « n’ont pas de remontée majeure des étudiants de M2 en stage, tant au niveau national que local, même s’il est évident que l’année de fonctionnaire stagiaire est particulièrement lourde et complexe après une année précédente elle-même difficile ».
« Les directions d’Inspé travaillent étroitement entre elles et avec les collègues enseignants et formateurs, encore davantage même durant cette période. Il existe une vraie dynamique d’échange d’informations, et de soutien. Ce type de problème associé aux stages ne nous a pas été remonté », déclare Sandrine Marvilliers.
« Des inquiétudes fortes concernant les étudiants »
« Des inquiétudes fortes demeurent concernant les étudiants. Les Inspé accueillent essentiellement des étudiants en master, généralement moins fragiles qu’en licence, mais certains d’entre eux sont isolés sur le plan social et pédagogique ou rencontrent des problèmes financiers. Nous essayons de leur apporter notre aide de manière la plus efficace possible », déclare le président du réseau.
« Cette période nous confirme toutefois que le présentiel reste incontournable dans l’enseignement, d’autant plus dans un master professionnalisant », ajoute la vice-présidente.
Selon Alain Frugière, « nous nous sommes évidemment mieux adaptés cet automne qu’au printemps, grâce à l’expérience acquise, avec des formateurs en Inspé qui se sont formés au distanciel et à l’hybridation et grâce à l’achat de logiciels et matériels spécifiques. Il y a eu des améliorations mais ce n’est pas du tout satisfaisant, les conditions de formation restent dégradées. »
2021 : année charnière
L’élaboration des maquettes pour la rentrée 2021
« Le travail de réalisation de maquette ne se termine pas au 31/01 », une fois les premières versions remontées à la Dgesip, indique la vice-présidente. « Nous devrons ensuite finaliser de manière pointue les contenus, puis le processus de modélisation de celles-ci. Ensuite le travail administratif sera lancé. »
« Nous souhaitons que les maquettes répondent vraiment aux besoins des étudiants et leur permettent à la fois d’être bien formés et de réussir les concours », déclare Alain Frugière.
Elle ajoute que « l’urgence est constante et engage l’intégralité des Inspé jusqu’à la fin de l’année. Il faut que nous puissions terminer le travail sur lequel toutes les équipes sont actuellement fortement engagées. Pour que la réforme soit une pleine réussite, il faut que le ministère nous en donne les moyens ».
Des étudiants en M1 face à deux concours différents
Une partie des étudiants en M1 en 2020-2021 se présenteront à deux concours aux contenus différents.
• En 2021, ils passeront le concours ”ancienne version” à la fin de leur M1,
• et, s’ils ne sont pas admis, ils passeront le concours ”nouvelle version” à la fin de leur M2 en 2022.
Le président du Réseau des Inspé indique qu’ils sont majoritairement préparés au concours 2021 : « Ils sont en attente d’être préparés pour cette forme du concours puisqu’ils ont une chance réelle d’être reçus, le nombre de postes n’ayant pas diminué de manière significative au Capes externe, ce que nous craignions. En toute logique, ils ne se projettent pas dans un échec de ce concours. »
Nous les préparons aussi aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, donc nous essayons de trouver un équilibre entre la préparation au concours et celle au métier. Dans cette dernière, les étudiants devraient trouver aussi des éléments pour les aider au concours 2022.
En outre, selon Sandrine Marviliers, les Inspé « connaissent bien les contenus et les besoins des étudiants sur cette formule ».
Trois types de public en M2 en 2021-2022
L’année 2021-2022 sera « particulière » selon elle, car les Inspé accueilleront trois types de public en M2 :
• « les étudiants reçus au concours 2021, stagiaires en alternance à mi-temps dans les conditions actuelles ;
• les étudiants n’ayant pas été reçus au concours 2021, de deux types :
– des étudiants contractuels alternants qui repasseront le nouveau concours en 2022, avec un contrat les engageant sur un tiers-temps de 12 semaines en responsabilité dans un établissement sur l’intégralité de l’année
– des étudiants qui repasseront le nouveau concours en 2022, non alternants et qui pourront bénéficier d’un stage d’observation et de pratique accompagnée (Sopa) sous les mêmes modalités que celles énoncées supra. »
Le choix du stage ou de l’alternance
Par ailleurs, les directions d’Inspé émettent « des craintes au sujet des alternants dans le cadre du nouveau M2. Ils devront à la fois gérer leur année de M2 incluant validation du master, rédaction et soutenance de leur mémoire et préparation au concours, en plus de l’alternance en responsabilité en classe ».
« Or, actuellement, les M2 étudiants confrontés à ces ”challenges” sont placés en stage de pratique accompagnée, dans la classe d’un tuteur (donc pas en responsabilité) et éprouvent déjà pour certains d’importantes difficultés à tout gérer. »
« La formation en alternance est un modèle intéressant et défendu de longue date par les Inspé. Le stage d’observation et de pratique accompagnée est un modèle qui présente aussi des avantages, mais 18 semaines sur les deux années du master pourraient paraitre longues sans responsabilité de classe. Le modèle idéal serait celui qui mixerait les deux avec une prise en charge progressive des classes », indique Alain Frugière.
« Nous pensons que les étudiants qui ont fait le choix de l’alternance en responsabilité devant élèves devraient donc être plus valorisés que ce qui est prévu actuellement, la DGRH y travaille. Les étudiants, dont certains pourraient être en difficulté économique, qui choisissent l’alternance ne doivent pas en plus, lorsqu’ils ont réussi à obtenir leur concours, se retrouver directement à temps plein devant élèves, alors que tous les autres seraient à mi-temps. »
Concernant le choix entre l’alternance ou le stage Sopa, les Inspé souhaitent qu’il « soit réellement un choix pédagogique et non pas économique ». « Pour le choix des modalités d’alternance ou non, il s’agit d’un contrat de travail donc, in fine, c’est le rectorat qui choisit, mais en collaboration avec l’Inspé. L’idée est de faire le choix ensemble pour orienter au mieux les étudiants en fonction de leur profil. »
« Certains Inspé espèrent avoir 80 % voire 100 % des étudiants en alternance. Mais les étudiants doivent aussi être dans de bonnes conditions pour construire leurs compétences professionnelles, ces stratégies doivent donc être concertées. »
Pré-professionnalisation et formation continue
Les Parcours préparatoires au professorat des écoles comme nouvelle voie de pré-professionnalisation
25 licences ont été labellisées « Parcours préparatoire au professorat des écoles » pour la rentrée 2021, annonçaient le Mesri et le MENJS, le 07/12/2020. Selon leur cahier des charges, les PPPE sont des parcours de licence en 180 ECTS s’appuyant sur un partenariat fondé sur l’alternance lycée/université avec une universitarisation progressive, une forte professionnalisation et une initiation à la recherche.
Sandrine Marvilliers déclare que ces parcours « constituent une voie supplémentaire de préprofessionnalisation, et toutes ces voies ne doivent pas rentrer en concurrence. Nous pensons la formation en termes de continuum. Le futur enseignant peut donc passer par un chemin A ou un chemin B avant le master, l’importance résultant dans la préprofessionnalisation ».
« Avec la diversification de ces voies, la difficulté sera plutôt à l’entrée en M1, possible goulot d’étranglement. Il faudra donc penser à une reconversion potentielle pour les étudiants de PPPE qui ne pourraient pas intégrer le master Meef. »
Finalement, selon elle, « la création de cette nouvelle voie montre également que le métier d’enseignement reste extrêmement attractif. Le ministère souhaite y répondre de plusieurs façons afin de permettre à plusieurs profils d’étudiants de s’inscrire dans cette démarche ».
Une réflexion en cours sur l’apport des Inspé à la formation continue
« Nous sommes en réflexion sur l’apport des Inspé à la formation continue des enseignants », indique la vice-présidente du réseau. « Nous pourrions ainsi imaginer mettre en place des liens entre formation initiale et formation continue, qui seraient intéressants dans les deux sens. »
« Par exemple, des étudiants en formation initiale s’enrichissent au contact de néo-titulaires qui partagent leur témoignage et leur expérience, et en contrepartie, ces derniers sont accueillis dans les Inspé au sein de groupes mixtes avec des étudiants pour continuer leur formation, notamment sur des modules aux thèmes précis. Ils pourront également assurer une sorte de parrainage auprès des étudiants. »
L’arrêté master Meef prévoit que les compétences se déclinent sur quatre niveaux. Ainsi Alain Frugière imagine « des compléments de formation ciblés après le master pour certains enseignants souhaitant développer une expertise ». Et « cela pourrait être accompagné d’un travail fin avec l’académie pour recenser les besoins au sein des établissements ».
L’objectif est de « donner en formation initiale le goût aux futurs enseignants de continuer à apprendre ».
« Le concours est parfois vu comme une fin, alors qu’il s’agit plutôt d’un début de carrière, de progression dans le métier, et de montée en compétences. Les futurs enseignants doivent apprendre à s’adapter à des publics en évolution et un contexte, notamment de communication, qui évolue tout autant. »
« La tendance à la baisse évoquée à la rentrée de septembre 2020 ne s’est pas vraiment confirmée », indique Alain Frugière, qui observait le 04/09/2020 une baisse des inscriptions. Il tentait alors d’expliquer cela par « la dématérialisation de nombreuses inscriptions et les retards qui y sont liés », une explication confirmée depuis. « Nous avons été plutôt agréablement surpris puisque nous n’observons pas de baisse significative au niveau national. »