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Numérique, laïcité, Europe, FTLV, enseignement pro… les axes de travail du Réseau des INSPÉ

Le Réseau des INSPÉ est autorisé à reproduire, avec l’aimable autorisation de News Tank Éducation & Recherche, cet article.

La nouvelle certification au numérique et la formation aux valeurs de la République et à la laïcité sont les deux sujets qui « avancent bien » au Réseau des Inspé selon sa vice-présidente Elsa Lang-Ripert, directrice de l’Inspé de Bourgogne, dans un entretien à News Tank le 16/03/2022.

L’arrêté master Meef indique en effet que les Inspé doivent certifier les étudiants aux compétences numériques éducatives. Pour cela, « nous nous sommes donné le temps avec l’ensemble des acteurs de cette réforme pour construire ce volet, au sein d’un groupe de travail avec les trois directions générales, la DNE et Pix. Le réseau a été force de proposition, notamment en mobilisant nos référents numérique », indique-t-elle.

« Après avoir participé à l’élaboration du cadre de référence des compétences numériques des formations initiale et continuée, nous travaillons à leur déclinaison opérationnelle dans le cadre de l’évaluation des compétences durant le master Meef et l’année de stagiairisation. Nous participons enfin avec ce GT à la déclinaison de ce référentiel dans le cadre de la formation continue. »

Concernant le module relatif aux valeurs de la République, dont l’arrêté du 16/07/2021 inclut un référentiel de compétences, « le ministère a souhaité mettre en place un groupe de travail qui permet de décliner et de traduire cet arrêté en contenus de formation », déclare Alain Frugière, directeur de l’Inspé de Paris et président du réseau.

« Une première réunion a eu lieu le 25/01, dont l’objectif est de produire un texte au printemps pour une mise en œuvre à la rentrée 2023. Notre choix c’est de pousser nos propositions, il faut avoir un diplôme permettant d’acquérir des compétences. Un concours de recrutement ne remplace pas une formation », ajoute-t-il.

Selon la VP, « cela montre la force du réseau, organisé en groupes de travail, qui permettent, via nos référents au plus proche du terrain, d’alimenter les orientations stratégiques ».

Module Europe : « La nécessité d’un investissement fort »

« Le module Europe est en préfiguration : nous avons déjà une mobilité sortante, on envoie des étudiants en Europe. Nous avons par ailleurs des co-diplomations du master Meef avec des masters d’universités européennes. Il y a déjà beaucoup de choses qui existent », déclare Alain Frugière.

« La volonté de la députée européenne Ilana Cicurel, dans son rapport publié en juillet 2021, est de donner une autre dimension à cette mobilité avec une partie de formation virtuelle et un stage obligatoire de sept à dix jours dans un établissement d’un pays de l’Union européenne pour les étudiants inscrits en M1 Meef. »

Le président du Réseau des Inspé ajoute : « Nous souscrivons totalement à cette idée-là, mais pour une mise en œuvre effective, il faudra lever un certain nombre d’obstacles matériels et organisationnels. La situation est parfois difficile en particulier dans les Inspé qui ont plusieurs établissements partenaires. Ce module Europe va nécessiter un investissement fort, et nous sommes pleinement engagés. »

« Par ailleurs, nous n’allons pas nous limiter à ce stage en M1, nous expérimentons déjà cette année dans quelques Inspé une mobilité sortante dans des classes européennes pour toute ou partie du stage long de 12 semaines en M2. »

Preuve de l’appropriation du sujet par les instituts, Elsa Lang-Ripert indique qu’« à la suite de notre université d’été 2021 sur l’internationalisation de la formation des enseignants, nous avons décidé d’organiser un séminaire annuel sur cette thématique. Le premier séminaire sera l’occasion d’un premier bilan des Sopa (stages d’observation et de pratique accompagné) Europe ».

Académies Erasmus+ des enseignants : des délais trop courts au premier AAP, une préparation pour les prochains

La Commission européenne a lancé en 2021 un premier appel à propositions relatif aux académies Erasmus+ des enseignants. Elles visent à donner une dimension européenne et internationale à la formation des professeurs, à construire des réseaux éducatifs au niveau européen et à renforcer la mobilité européenne des professeurs et futurs professeurs.

Lors de ce premier appel, 11 projets avaient été sélectionnés sur 56 candidatures, dont deux portés par des institutions françaises :

  • UNI-Tacademy, porté par l’Inspé d’Aix-Marseille, en partenariat avec l’Université nationale et Capodistrienne d’Athènes (Grèce), l’Université Libre de Bruxelles (Belgique), l’Université Sapienza de Rome (Italie) et l’Université Eberhard Karls de Tübingen (Allemagne).
  • Alta pour « Allophone teacher academy » visant notamment à valoriser le plurilinguisme, coordonné par les rectorats d’académies d’Amiens et Lille avec les Inspé d’Amiens, Lille et Rouen, e-Inspé (Réseau Canopé), l’association Asprill (Université de Paris-Descartes), la Basilicata University Cosenza (Italie), Universidad de Murcia (Espagne), University Veliko Tarnavo (Bulgarie).

Un nouvel appel à propositions a par ailleurs ouvert le 15/03/2022 avec un budget de 22,5 M€ soit la possibilité de financer 16 nouvelles académies des enseignants. L’objectif est de créer 25 académies à l’horizon 2025.

Alain Frugière indique qu’il « y a tout un travail important mis en place par nos référents RI sur ces académies ». Toutefois, Elsa Lang-Ripert explique le peu de réponses portées par des Français au premier appel par des délais « tellement courts pour le premier appel à projets qu’il était difficile de mobiliser les équipes pour y répondre ».

Elle ajoute que « les deux prochains AAP, à mi-parcours et à la rentrée 2022, devraient permettre aux équipes d’y répondre en nombre plus important ».

FTLV : confusion autour du nom de la plateforme e-Inspé portée par Canopé

Dans le cadre de la réorientation stratégique du Réseau Canopé vers la formation continue des enseignants, l’opérateur porte le projet d’une plateforme en ligne intitulée « e-Inspé ». Créée à la demande du SGPI, du MENJS et du Mesri, elle a pour objectif de mettre en valeur l’offre de formation à distance des Inspé, mais aussi de co-construire des parcours virtuels de formation pour les enseignants.

Alain Frugière indique avoir « des liens très forts au niveau local avec le Réseau Canopé, notamment avec les ateliers ». Toutefois, le projet e-Inspé s’inscrit selon lui dans « un contexte très différent » :

« Même si nous considérons avec intérêt la mise en œuvre d’une telle plateforme, nous notons, à regret, que le nom choisi fait directement référence aux Inspé alors qu’ils ne seront pas responsables des formations qui y seront proposées. »

« Dans le même esprit, ce nom engendre un problème d’identité pour des parcours portés par des organismes tels qu’Onisep, ou l’association Synlab par exemple, qui se retrouvent estampillés ”e-Inspé” sans n’avoir aucun lien avec les Inspé. »

Le directeur de l’Inspé de Paris déclare l’avoir « écrit et dit à nos tutelles, nous pensons avoir eu une écoute attentive et bienveillante, mais nous attendons les décisions ministérielles ».

La vice-présidente du réseau ajoute avoir « un peu de mal à voir les contours du projet, le nom n’aide pas à la clarification. Les Inspé ont en charge la formation initiale, e-Inspé souhaite investir la formation tout au long de la vie. Cela rajoute de la confusion. Il n’est déjà pas simple d’informer sur le parcours pour devenir enseignant, nous avons besoin que tout soit plus lisible ».

« Nous sommes tout à fait d’accord pour participer à alimenter cette plateforme sur les sujets que les Inspé maîtrisent. Mais la dénomination pose souci, nous aimerions que soient précisés le rôle et la place des Inspé dans cette plateforme. »

Écoles académiques de formation continue : « Nous avons plein d’ambition »

Dans le même cadre, et à la suite du Grenelle de l’éducation, le MENJS a lancé en janvier 2022 des écoles académiques de la formation continue. Elles ont pour objectif de proposer des formations individuelles et collectives des personnels de l’éducation nationale, en mettant en synergie les acteurs de la FTLV sur le territoire académique.

« Nous devons y être impliqués, cela se met en place », indique Alain Frugière. « Localement les discussions ont lieu entre les Inspé, les académies et le Réseau Canopé. Nous n’avons pas encore de retour exhaustif et précis de ce qu’il se passe dans les académies, nous avons posé la question de savoir si les Inspé y sont associés tel que prévu. Nous avons plein d’ambition notamment sur des formations diplômantes, certifiantes. »

« Parmi les événements à venir pour le réseau, le printemps de la recherche revient de mars à juin 2022. En outre, l’université d’été sur le thème des arts et de la culture aura lieu à Paris, en partenariat avec l’Institut du monde arabe », indique Elsa Lang-Ripert.

« Nous avons enfin décidé de placer comme sujet prioritaire la question de l’enseignement professionnel. Un groupe de travail interne travaillera pour être force de propositions sur ce sujet dont nous n’avions pas eu le temps de nous emparer alors qu’il est majeur pour nous. »

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